Ponchauffe-épaules
Un ciel pluvieux
Une mésange bleue
Une nièce malade
Une douceur d’automne
Dans ma campagne d’éliminations de stock, quatre pelotes grises se sont unies pour aller réchauffer les épaules d’une de mes nièces.
Les neveux ont été inventés pour tester ses techniques en tricot. Si j’offre quelque ouvrage à une amie, il faut que ce soit parfait (du« presque » acheté), sinon ça le fait pas. Dans le cercle familial, je ne connais pas la honte. Je me répète que c’est le geste qui compte et parfois, ce geste compte d’autant plus que le petit truc tricoté est raté ou trop petit !
Les neveux en contre-partie sont la franchise même. Le mieux est d’expédier l’ouvrage par la poste pour éviter la confrontation neveu/tricot et les remarques. Quelques jours plus tard, le facteur apporte un dessin de remerciement et vous n’assisterez pas aux supplices quotidiens :
- Pourquoi tu mets pas le pull de tata Mireille ?
- il gratte !!!
- il est moche
- Léo à la récré, il s’est moqué de moi
Pas de pitié pour les neveux…
On tente de me faire gentiment comprendre que les enfants d'aujourd’hui ne portent plus de pulls tricotés mains. Les plus jeunes qui n’ont pas encore droit à la parole ne sont pas encore exemptés de pull. Il ne me reste que 2,9 neveux sur 14 ayant une taille inférieure à la mienne et autant en profiter tant qu’il est encore temps.
La victime est mademoiselle Rose, l’arme du crime, le poncho, le lieu du crime, le salon.
Pour illuminer le gris du ciel, j’avais associé jaune et orange en tricotant des petites fleurs qui se sont transformées sous mes yeux en citrouilles. J’ai donc dû acheter une pelote rose pour faire moins courge puis je me suis régalée avec mon tricotin (pas de limite d'âge) et un brin de vert.
A la dernière armistice, j’ai pris le risque de remettre en mains plus ou moins propres le cadeau à une mademoiselle Rose malade. Cadeau accepté favorablement pour cause de fièvre (et comme sa grande sœur l’a essayé aussi, c’est rassurant).
Y a jamais personne qui veut jouer à Cluedo avec moi.
Je continue le pull Lochinver du Grand Brun en fredonnant Mon père m’a donné un mari, mon Dieu, quel homme, quel petit homme.